Le 28 juin 1970 ont lieu les premières Marches des Fiertés à Los Angeles et à New-York en mémoire aux émeutes de Stonewall qui s’étaient déroulées un an auparavant. Émeutes contre la répression étatique et policière où trans, pédés, putes, gouines, sans papièrEs et personnes racisées se sont organiséEs ensemble face aux forces de l’ordre, résistantEs aux raids anti-émeutes, déstabilisant la police pendant près de cinq jours et rejetant les violences contre les minoriséEs : ça, ce sont les émeutes de Stonewall !
Et c’est cette mémoire-là qui était mise en avant dans les premières Gay Pride des années 1970. C’est cette mémoire que nous avons à cœur de commémorer.
Aujourd’hui, les Marches des Fiertés, alors qu’elles sont censées commémorer ces événements, sont devenues une foire consumériste et un lieu de récupération électoraliste de nos luttes, avec la présence de partis politiques institutionnels, d’associations religieuses et même d’associations de flics.
Parce que les luttes d’hier, d’aujourd’hui et de demain nous appartiennent : rappelons-nous Stonewall ! Et souvenons-nous que dans le monde 72 pays pénalisent toujours les personnes LGBTQI par de la prison, de la torture, la peine de mort ou des travaux forcés et que de nombreux autres adoptent des législations LGBTQIphobes (notamment en Pologne, Hongrie, Russie et certains États des USA : Caroline du Nord, Texas…)
En France, les élections de 2012 avaient faussement créé une vague d’espoir avec des promesses concernant la parentalité, les droits des trans, le don du sang et le mariage entre personnes de même sexe, la fin des franchises médicales, la fin de l’interdiction des soins funéraires pour les personnes séropos… On aurait aussi pu penser que ce gouvernement mènerait une réelle politique sociale de santé et de lutte contre le Sida. 4 ans plus tard, force est de constater qu’il n’en est rien : nous sommes toujours stigmatisées, rejetées, invisibilisées et assassinées. La situation a même empiré :
-Droit des trans et inters : aucune avancées pour les personnes trans et inters, toujours stigmatisées et psychiatrisées;
-Renoncement sur à la PMA;
-Hausse des LGBTQIphobies : violences physiques, verbales, psychologiques, administratives, étatiques ayant des conséquences sur nos vies (isolement, exclusion, haine de soi, perte de confiance, dépression, suicide…);
-Fausse avancée sur le don du sang : pour donner son sang, les HSH (Hommes ayant des rapports avec des hommes) sont contraints par la loi à un an d’abstinence;
-Mise en danger des travailleurs-es du sexe : sous couvert de « protéger » les putes avec la pénalisation des clients, le gouvernement a fait adopter une loi qui, dans les faits, va les pousser à s’éloigner des centres-villes, les exposant encore plus aux violences et au risque de contaminations VIH/Hépatites;
-État d’urgence : restrictions de nos libertés et mise en place d’un État policier où les personnes les plus discriminées sont parmi les premières victimes;
-Flambée d’actes à caractères racistes et islamophobes jusque dans nos communautés;
-Durcissement de la politique migratoire via une augmentation des expulsions de personnes mises en danger dans leur pays d’origine en raison de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre et de leur santé;
-Politiques d’austérité (notamment dans le domaine de la santé);
-Absence d’investissement dans la lutte contre le Sida;
-Maintien de l’interdiction des soins funéraires et des franchises médicales pour les personnes séropositives;
-Loi Travail : les visites obligatoires à la Médecine du travail pourront être réalisées par n’importe quel professionnel de santé et non plus uniquement par un médecin.. Des questions comme le VIH et celle des personnes en transition sont toujours passées sous silence.
Il est donc d’autant plus important de s’organiser, car nous sommes conscientEs qu’il ne faut pas compter sur les prochaines élections présidentielles pour voir la situation s’améliorer.
N’oublions pas que nos communautés ne sont pas exemptes d’oppressions et de rapports de dominations : racisme, antisémitisme, islamophobie, follophobie, sexisme, sérophobie, LGBTQIphobies….
De plus en plus de personnes cèdent aux sirènes du nationalisme et de l’extrême droite ! Ce n’est qu’en combattant toutes les formes d’oppressions à l’extérieur et à l’intérieur de nos communautés et en concrétisant nos solidarités que nos luttes avanceront !
Nous refusons l’homonationalisme qui promeut une identité homosexuelle nationale, à travers notamment des politiques de pinkwashing. Cela consiste pour les pays occidentaux, comme la France et les États-Unis, à promouvoir une image progressiste et tolérante gay-friendly afin de justifier des guerres, des politiques coloniales et racistes.
En Israël nous dénonçons cette volonté de solidariser les LGBTQI à la colonisation des terres palestiniennes (exemple, lors de la Marche des Fiertés de Paris il est offert des séjours à Tel-Aviv).
Nous invitons les LGBTQI en France et en occident à être solidaires des queers palestinienNEs et à boycotter cette propagande politique.
Nous affirmons ici que nos identités ne sont pas nationales ! Elles sont solidaires et sans frontières !
Refusons de nous rendre invisibles !
Soyons fièrEs des multiplicités de nos identités et de leurs expressions !
Ne laissons plus personne porter atteinte à nos libertés, à nos corps, à nos désirs, à nos identités, à nos amours ! Refusons de nous taire !
Soyons en colère ! Passons à l’offensive !
Ensemble, nous riposterons tant qu’il le faudra !
Signataires : Act Up Sud-Ouest CNT Grisélidis OCML-VP Planning Familial 31 STRASS UAT