Les 30 et 31 mars prochains, le Sénat discutera la proposition de loi de « lutte contre le système prostitutionnel » déjà votée par l’Assemblée en décembre 2013. Si la commission spéciale du Sénat chargée d’examiner la loi avant sa discussion a retiré les articles 16 et 17 visant à pénaliser les clients de prostituées, cette mesure pourrait notamment revenir lors de la discussion via des amendements.
Nous rappelons donc que toute mesure de pénalisation, directe ou indirecte, de l’exercice de la prostitution, ne fait que fragiliser les prostituées et n’apporte aucune réponse aux problèmes qu’elles peuvent rencontrer (précarité, exploitation, violences, traite). La pénalisation des clients est notamment dénoncée par l’ONUSIDA, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la Commission Nationale Consultative pour les Droits de l’Homme (CNCDH), et l’ensemble des organisations de prostituées, de santé communautaire avec les prostituées, ou de lutte contre le sida, parce qu’elle les isole, les précarise, accroit leur insécurité, et augmente les risques sanitaires auxquels elles et ils font face. Le débat sur la pénalisation des clients, de plus, détourne l’attention de ce qui devrait pourtant rassembler toutes les forces progressistes et féministes, à savoir aider les prostituées à améliorer leurs conditions de vie et de travail, impliquant la possibilité d’arrêter la prostitution pour celles et ceux qui le souhaitent.
La vulnérabilité des prostituées aux violences et à l’exploitation ne sera pas combattue par des mesures punitives et policières, mais par des mesures sociales, lesquelles sont justement les grandes absentes de cette proposition de loi. Plutôt qu’un conditionnement des (maigres) aides sociales à l’arrêt de la prostitution, plutôt qu’un conditionnement de l’abrogation du délit de racolage à la pénalisation des clients, et plutôt que des titres de séjour précaires, nous défendons l’accès aux droits dans le respect du parcours et des décisions des personnes, des régularisations qui permettent l’accès à la justice pour les victimes de violences ou d’exploitation, et l’abrogation immédiate du délit de racolage et des arrêtés municipaux interdisant l’espace public aux prostituées.
Nous appelons donc à manifester contre cette proposition de loi, contre la pénalisation des clients, et pour le respect des droits des prostituées.
Premiers signataires : Acceptess-T, Action Radicale Feministe (collectif feministe de l’ENS Ulm), Act up- Paris, Act up-Sud Ouest, AIDES, Les Amis du Bus des Femmes, Cabiria, La Clique : Le Collectif Féministe & Djendeur de l’EHESS, Collectif 8 mars pour touTEs, Collectif des Femmes de Strasbourg-Saint Denis, Djendeur Terroristas, Entr’actes, Femmes en Lutte 93, Les Flamands Roses, Grisélidis, I.P.P.O.,J’En Suis, J’Y Reste, centre LGBTQIF de Lille NPDC, OCML Voie Prolétarienne, Riposte Radicale, Roses d’Acier, Solidaires étudiant-e-s, STRASS-Syndicat du Travail Sexuel, Support Transgenre Strasbourg, Syndicat de la Magistrature.